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Général François MIREUR, de la "Marseillaise" au "Grand-Jardin"...

Salon d'antiquité de grande renommée, la propriété du Grand-Jardin, située avenue Robert Fabre à Fayence, est un lieu particulier dont l'histoire ne vous ai peut-être pas connue.

Savez vous que cette magnifique propriété a été achetée par François Mireur qui voulait pouvoir s'y retirer après avoir servi la Fra
nce, mais les événements n'ont pas voulus qu'il en soit ainsi!

Ce Général, grand serviteur de la France, fait partie de notre patrimoine.

Voici son histoire:


Le 9 Février 1770, le maire d'Escragnolles (village des Alpes-Maritimes, près de Grasse), fête la naissance de son deuxième fils Etienne François.

Après une enfance sereine, ce dernier s'inscrit à la faculté de Montpellier. En 1792, il est docteur en médecine, et engagé dans l'action politique, membre très actif d'un de ces clubs des Amis de la constitution que la Révolution fit fleurir en Provence.

Le 21 Juin, il se rend à Marseille pour organiser le mouvement des volontaires du Sud vers Paris. Il leur fait connaître et interpréter le chant de Rouget de Lisle qui les accompagnera tout le long de leur parcours vers Paris. Ainsi naissait la Marseillaise. Il décide ensuite d'embrasser la carrière des armes, non pas dans le service de la santé, mais dans la cavalerie!

Après les combats de l'Argonne et la bataille de Valmy, Mireur part avec l'armée Dumouriez à la conquête de la Belgique et de la Hollande, puis on le retrouve à la bataille de Fleurus, sous Jourdan. Il fait partie de l'armée de Sambre et Meuse, franchit le Rhin, fonce sur Rastibonne avec Ney et passe à l'armée d'Italie où, sous le regard de Bonaparte, il saute le Tagliamento et prend Gradisca.

Après avoir, par deux fois, refusé ce grade pour demeurer auprès de ses hommes, François Mireur est fait Général de brigade en 1797. Il a 27 ans.

Le 29 Janvier 1798, le Général Berthier entre à Rome à la tête d'un nombreux état-major, au premier rang duquel se trouve Mireur.

Le débarquement en Angleterre que projetait le Directoire se transforme peu à peu en campagne d'Egypte. La division Desaix s'embarque le 28 Mai à Civitta Vecchia avec une cavalerie réduite à trois généraux de brigade, Belliard, Priant et Mireur.

Le 8 Juillet, Bonaparte et son état major arrivent à Damanhour. Le soir même on tient un conseil de guerre. Mireur en fait partie. Au matin, la troupe lève le camp, Mireur monte son cheval, devance les avant-gardes, des coups de feu partent tirés par des arabes cachés derrière des monticules de sable. Mireur désarçonné est mortellement atteint. Quand Berthier, Desaix, Priant et Belliard arrivent à sa hauteur, ils ne trouvent que son cadavre.

C'est le Général Belliard, devenu plus tard Lieutenant Général, Pair de France et Comte, ancien volontaire de 1792, qui fait inhumer son jeune camarade aux environs du village d'Elgata, non loin de Damanhour. Le Général Davout, futur maréchal de France, Duc d’Auerstaedt et Prince d'Eckmühl, prend le commandement de sa brigade.

Ainsi se termine la fulgurante carrière du Général François Mireur.

Le nom de Mireur est dorénavant gravé dans la pierre et dans le bronze aux côtés d'autres héros:

Après l'Arc de Triomphe de l'Etoile, où l'on peut lire le nom de Mireur avec celui de tant de capitaines de la Révolution et du 1 Empire, les tables de bronze des galeries de Versailles où sont inscrits les guerriers et les généraux tués devant l'ennemi depuis la fondation de la Monarchie Française, magnifient le jeune provençal à la suite des Princes, des Ducs, des Généralissimes, des Amiraux et des Maréchaux tombés sur les nombreux champs de batailles, staff solidifié de notre histoire, on peut lire ces lignes consacrant définitivement la gloire modeste de celui qui apporta la Marseillaise à Marseille et fut l'ami de Bernadotte :

FRANÇOIS MIREUR

GENERAL DE BRIGADE

TUE AU COMBAT DE DAMANHOUR

LE 9 JUILLET 1798 A L'AGE

DE 28 ANS

Témoignage d'HOWARD HENSLEIGH, Lt du 517th PRCT, parachuté dans la région de Fayence le 15 août 1944

Cher Bruno, voici une réponse à votre mail.

Vous êtes intéressé par l’action de la 517ème aéroportée lors du débarquement de Provence.

J’étais là, et je peux parler de Callian, Fayence, Montauroux, et St-Cezaire un village vers le nord-est.

Je suis enchanté de me rappeler le nom de ces villages, noms qui ravivent les mémoires et les esprits des membres de notre association d’anciens de la 517ème Aéroportée.

Nous nous rappelons le terrain et les gens qui ont vécu là. C'est gratifiant de savoir qu'il y a des jeunes qui célèbrent et préservent la mémoire des évènements historiques de 1944.

Ces évènements ont permis de libérer une partie du paysage le plus pittoresque au monde connu sous le nom de Provence.

Ce n'est pas étonnant que de jeunes habitants de cette région nous aient aidés à accomplir cette libération.

J'étais chez vous par trois fois dont deux avec les éléments du troisième bataillon du 517th.PRCT, équipe régimentaire de combat.

La première foi c’était par erreur, quand notre aviation nous a laissé « tomber » près de Callian, au lieu du Muy et de La-Motte. La mission des troupes du premier groupe aéroporté sous le commandement du Général Fredericks était de former un "parapluie" de protection pour les troupes d'invasion venant par la mer.

Avion après avion, nous avons décollé d'une piste en Italie après minuit le 14 août. Le vol a pris environ trois heures. Nous étions en formation serrée. Le vol était chaotique car nous étions dans les turbulences des avions qui étaient devant nous.

Aux environs de 4 heures 15, la lumière rouge s’est allumée, nous indiquant d’être prêt à sauter et enfin est arrivé le feu vert nous demandant de sauter. Il faisait très sombre. Nous avons « frappé » le sol plus rapidement que prévu.

Dès l'atterrissage, nous avons suspecté que nous n'étions pas dans la vallée choisie pour la zone de largage. Après que le bruit de l'avion se soit estompé, nous avions un sentiment d'isolement et d’inquiétude bien que des parachutistes soient habituellement dispersés en de pareil cas.

J'ai arrimé mon descendeur, ai assemblé mon M-1 et signalé ma position. Bientôt j'avais rassemblé douze soldats, pas tous de ma section de mitrailleuse. Puisque je n'étais pas sûr d’où nous étions, j'ai envoyé une dizaine d’hommes dans toutes les directions sur « cinq cents yards ». En quelques minutes ils étaient tous revenus.

Un d’eux a indiqué qu'il avait trouvé une maison. J'ai laissé les Sergents Boyer et Podalac rassembler les autres hommes et équipements et j’ai pris cinq hommes pour voir si nous pouvions trouver cette maison afin de pouvoir nous localiser. J'ai placé mes hommes derrière des arbres avant de soulever le heurtoir en laiton de la porte que nous avons trouvée dans l'obscurité.

Après avoir frappé le heurtoir plusieurs fois, j'ai entendu une voix de femme venant du balcon au dessus de moi me demander, ce que j'ai supposé être "qui est là ?" Dans mon mauvais Français j'ai répondu que nous étions des parachutistes américains.

On nous a invités à entrer. J'ai dû déplier plusieurs cartes avant de trouvér une avec Callian et Fayence… Vos voisins, vos amis, vos parents nous ont orientés et un homme courageux de Callian a été notre guide sur le chemin à le Muy. Son épouse, réalisant le danger, l'a embrassé et lui a dit au revoir, ses yeux pleins de larmes.

Nous avons rassemblé le troisième bataillon dispersé et après une marche forcée, avons, avec succès, attaqué et pris la partie sud du village des Arcs dans l’après-midi et la soirée du 16 août.

La deuxième visite a été voulue par notre commandant car nous avions eu des accidents de saut dans votre secteur (jambes, dos et bras cassés).

Tandis que le reste du 517th PIR était dans le secteur du Muy, il m’a envoyé à Callian et le Capitaine McGeever dans la région de Fayence afin de ramener les blessés vers un hôpital.

Malheureusement, les Allemands occupaient le secteur. Les habitants de Callian m'ont dit que les blessés suite aux sauts avaient été déplacés à Montauroux, village qui était encore tenu par une grande force allemande.

Un homme de Callian connaissait une manière d'entrer dans Montauroux sans alerter les Allemands et s’est offert d’aller avec moi. Le commandant du 141st Régiment d’Infanterie était sur le point de bombarder Montauroux avec l'artillerie en vue d'une attaque sur la ville. Je lui ai demandé d'attendre jusqu'à ce que je puisse lui faire un rapport.

Quand nous sommes arrivés à Montauroux, les Allemands chargeaient leurs camions et étaient sur le point de s’en aller. Quand ils sont partis j'ai transmis par radio au Colonel du 141st R.I qu'il pouvait avancer sans artillerie et sans combattre. Ainsi les toits de Montauroux, et de nombreuses vies ont été épargnés par nos efforts.

La bonne nouvelle était que les Allemands avaient laissé nos blessés dans la petite clinique médicale donnant sur la vallée en dessous. Notre chirurgien de bataillon, le Capitaine Plassman, était le responsable. Il avait traité plusieurs soldats allemands blessés et avait effectué une opération de secours sur un de leurs officiers. Certaines des choses qui se produisent durant les combats sont inexplicables. Il a été habillé d’une blouse médicale blanche et tout était en règle.

Le Lieutenant Colonel Zais m'avait donné deux cartons de cigarettes, celles-ci ont rendus les fumeurs presque aussi heureux que d’être transportés vers un hôpital militaire par le "chariot à viande" (ambulance) du 141st R.I.

Voici l’histoire de ma troisième « visite » à Fayence.

Le troisième bataillon entier était censé être de retour dans la région de Callian. En allant vers le village à pied, la moitié du bataillon avait été dispersé et égaré et, au lieu de venir à Callian, a été dirigée vers Fayence qui était tenu par un gros contingent de troupes allemandes.

Le Lieutenant Colonel Paxton, notre commandant de bataillon, m’a dit de prendre une vieille berline noire et de descendre la route vers Fayence afin de récupérer "les moutons perdus".

Je lui ai dit que Fayence était dans les mains ennemies, mais lui m'a assuré que la route était claire (ne doutez jamais des mots de l'officier commandant !).

J'ai pris cette route avec un homme de la 1ère compagnie dans la vieille voiture noire. Quand nous sommes arrivés près de Fayence, les Allemands ont commencé à nous canarder avec des obus de 20 mm. J'ai fait un écart derrière un camion allemand en panne. Le camion a pris plusieurs coups au but, mais nous, nous étions en sécurité et nous n’avons rien eu.

Nous avons rampé hors de la voiture dans un fossé pour nous mettre à l’abri.

Un peu plus tard nous avons repris la voiture et une jeep appartenant à un colonel britannique. Les quatre pneus de la jeep étaient à plat et nous avons trouvé à l’intérieur une carte, marquée "secret", celle-ci montrait tous les endroits où se trouvaient les FFI dans le sud de la France !!!

Le fait d’avoir éviter que cette carte tombe dans des mains de l'ennemi a probablement sauvé un certain nombre de vies !

Le Capitaine Joe McGeever, à la tête d’un camion de munitions, avec son conducteur et une partie de la section du bataillon S-2, dont George Meline, a crié vers les lignes allemandes, signalant qu’il transportait des blessés suite aux accidents de saut près de Fayence et qu’ils les conduisait vers un hôpital.

Plusieurs jours plus tard le Sgt. Heckard a aidé à libérer Fayence et a participé à la capture d’un grand nombre d'ennemi, action pour laquelle il lui a été attribué la Distinguished Service Cross.

Après avoir laissé votre secteur nous nous sommes immédiatement dirigés vers le village de Saint-Cezaire, une autre ville voisine.

Si le maire de cette ville recherche toujours son automobile Fiat, présentez-lui nos excuses. Nous l'avons utilisé comme Scout-Car de reconnaissance dans la région du Col de Braus de Sospel où nous l’avons laissée !!!

Je ne pourrais conclure cette lettre sans exprimer l'admiration pour les personnes de votre secteur. Elles étaient toujours utiles. Nous n’aurions rien pu faire sans les informations, les conseils et l’approvisionnement de ces civils, leur aide a été indispensable. Bon nombre d'entre vous nous ont accueilli, à domicile, où nous avons partagé nos rations K cuisinées avec vos légumes frais et qui se sont transformées en banquet ! Surtout, vous avez toujours été amical et avez exprimé votre gratitude pour tout ce que nous faisions.

Nous nous sommes rappelez à l’époque que les Français nous avaient aidés, il y a 200 ans, à gagner notre indépendance. Nous n'avons pas oublié cela et nous sommes touchés qu’aujourd’hui vous vous rappeliez de nous également.

Je vous raconterai la suite dans un autre courrier,

Howard Hensleigh

UNE SEMAINE EN AOUT - 1ère Partie

Récit écrit par Bruno Sallé, d'après divers témoignages.


Quand la liberté tombait du ciel…

Lundi 14 août 1944, 21 heures


L’obscurité et le silence ont envahi cette soirée du mois d’août où la chaleur persiste, comme suspendue. Cette nuit ressemble à toutes les nuits d’été dans le Haut-Var.

Ici et là, les habitants s’affairent encore. Simone et Henry s’apprêtent à quitter le château de Bourigaille, où ils viennent de rendre visite à des amis.

Henry est médecin et après un mois de congés, retourne maintenant à Marseille avec son épouse. Au moment de se séparer, leurs hôtes suggèrent qu’à leur avis, ils ne pourront probablement pas retourner à Marseille, ni ce soir ni dans les jours qui viennent sans donner plus de détails.

Intrigués, Simone et Henry rentrent chez eux, et se demandent bien ce que le propos énigmatique de leurs amis peut bien cacher. Que pourrait-il bien se passer de si important qui empêcherait notre retour sur Marseille ? Mais Simone se rassure en se disant qu’il fera bien jour demain !

Dans un tout autre lieu, Michelle, René, Roger, Félix et beaucoup d’autres espèrent entendre un message précis. Lorsqu’à 20 heures, ils entendent enfin « PPP » sur la BBC, ils n’en reviennent pas ! Presque dix semaines se sont écoulées depuis la nouvelle historique du 6 Juin, et ça y est enfin : Un nouveau débarquement vient d’être confirmé et celui-ci aura lieu sur les côtes du Var ! L’émotion fait rapidement place à l’angoisse et la peur, la tension est palpable mais c’est surtout la joie au fond qui les submerge : l’excitation à peine contenue à l’idée d’agir ouvertement contre l’ennemi et de faire honneur à la Patrie, après toutes ces années d’humiliations et de luttes clandestines.

Le plan depuis si longtemps finalisé va enfin être mis en action ; les hommes et les femmes aguerris sont prêts à tout et chacun connaît son rôle particulier. En effet, depuis quelque temps déjà, les parachutistes anglo-américains des équipes Jedburgh-Spectre sont à pied d’œuvre dans les massifs au nord de Fayence. Il va falloir couper certaines voies de communication, détruire des ponts et des réseaux routiers, faire sauter le camion « radio » stationné à la Roche. Autant de missions que ces hommes et ces femmes de l’ombre ont préparé tant de fois dans leur tête.

La nouvelle se répand comme une traînée de poudre, la torpeur de cette nuit d’été s’est volatilisée. Il est décidé de mettre à l’abri familles et amis. Henriette, une jeune villageoise, suit de près son père, sa mère et ses frères et sœurs : « On va tous se rendre à la campagne, dit son père, là-bas, on devrait pas avoir d’ennuis ! ». Comme tant d’autres, ils se mettent en route sur les chemins peu empruntés afin d’éviter les patrouilles allemandes qui sillonnent la région.

Il fait nuit noire maintenant, une brume légère flotte dans l’air, et les étoiles dans le ciel n’apparaissent qu’à travers le brouillard diffus et jouent à cache-cache. Henriette vient d’atteindre avec sa famille l’endroit prévu dans les hauteurs, situé entre Fayence et Tourrettes. Ils s’installent, aux aguets du moindre bruit, du moindre mouvement. Mais tout est immobile et silencieux. Les enfants finissent par s’assoupir et l’attente commence.

Mardi 15 août 1944, 3 heures un quart du matin

Décollés quelques heures plus tôt de leur base italienne, les Dakota américains survolent la région, et s’apprêtent à larguer leur chargement précieux : 5000 parachutistes, artilleurs et sapeurs de la première vague. Ils viennent de leur lointaine Amérique, et n’ignorent pas tous les risques de leur mission, nombre d’entre eux ayant déjà connu leur baptême du feu en Afrique du Nord ou en Italie.

Le Sergent Howard Ensleigh est de ceux-là, et commande un groupe de combat. Sa principale inquiétude est de préserver absolument sa troupe. Mais l’anxiété se lit sur les visages de ses boys, et de ceux en particulier qui n’ont encore pas subi l’épreuve du feu. Ils s’interrogent tous sur leur destination, sur ce qui les attendent une fois au sol…

Leur préparation a bien sûr été minutieusement planifiée mais la guerre est cruelle et l’ennemi farouche.

A bord du C-47, le silence est pesant. Quelques jokes fusent pour détendre l’atmosphère mais la plupart pensent à ceux qu’ils ont laissé là-bas, à leurs compagnes ou bien ils prient tout simplement : l’un embrasse une photo, un autre une médaille de la Vierge, chacun exorcise la peur à sa manière. Leurs regards convergent souvent vers les ampoules électriques sur le ventre de l’appareil. Pour l’instant, seules les vertes sont allumées mais lorsqu’elles deviendront rouges alors…


Mardi 15 août 1944, 4 heures et demi du matin

Soudain, un vrombissement emplit le ciel et un bruit assourdissant se répandit dans les collines. Gilbert, le frère d’Henriette, s’exclame : « ça y est, des avions arrivent, des avions arrivent, c’est le débarquement ! » A travers la brume et l’obscurité qui se lèvent, un spectacle hallucinant se produit alors sous leurs yeux. Une explosion immaculée envahit tout le ciel : dix, vingt, cent, un millier peut-être se rapprochent et donnent l’impression que le ciel est couvert de champignons blancs.

(à suivre…)

Un Tourrettan, le Général Jacques Alexandre FABRE

Notice nécrologique sur le Général Fabre

par Tiburce HIARD, Colonel en retraite, PARIS 1845

Né à Tourrettes, près de Fayence (Var), le 18 mars 1782, Jacques Alexandre Fabre entra fort jeune au collège de Draguignan, où il fit de brillantes études.

Son père, honorable médecin, mourut sans fortune, laissant une femme et six enfants en bas âge.

Fabre, alors âgé de 14 ans, et aîné de la famille, quitta le collège et entra, comme secrétaire, auprès de M. Fabre, son parent, ingénieur en chef du département du Var.

Doué d'une vive intelligence, il acquit bientôt, par son assiduité au travail, les connaissances exigées pour entrer à l'Ecole Polytechnique, qui venait d'être créée. Les débuts du jeune Fabre furent aussi heureux que distingués; à son premier examen, il disputa avec avantage le premier prix.

L'année suivante, il obtint des professeurs la mention la plus honorable, et il choisit la carrière des ponts et chaussées, pour laquelle il éprouvait un vif attrait.

Là, comme partout, il mérita l’attachement de tous ses chefs, et celui surtout de M. Lesage, homme d'un mérite éminent, de qui il n'oublia jamais la bienveillance.

Le premier travail de M. Fabre, comme élève des ponts et chaussées, fut la route de la Corniche à Gênes, qu'il lit tracer depuis Nice jusqu'à Menton.

Bientôt attaché aux travaux que l'on exécutait dans le département de la Seine, aux environs de Paris, il fut ensuite nommé ingénieur ordinaire dans le département de la Nièvre, et chargé, par le directeur général des travaux, du canal dit de la Collancelle, ouvrage fort important où il s'agissait de percer à plusieurs kilomètres de longueur la montagne dans laquelle ledit canal devait passer.

En avril 1810, M. Fabre eut l'honneur d'être désigné par Napoléon, d’après la demande faite à ce souverain par l'empereur Alexandre, pour aller en mission extraordinaire en Russie. Il se rendit aussitôt à Paris d'où il partit avec ses trois collègues Bazaine, Potier et Destrem.

Arrivé à Saint-Pétersbourg, M. Fabre entra au service russe avec le grade de lieutenant-colonel, et fut nommé, bientôt après, premier professeur et sous-directeur de l’école des voies de communications que les quatre ingénieurs français étaient appelés à organiser sous la direction du général de Béthencourt.

Ce fut au lieutenant-colonel Fabre que l'empereur Alexandre s'adressa pour savoir s'il serait possible d'établir un pont fixe sur la Neva, à l'endroit même où il en existait un en bois, établi sur bateaux, vis-à-vis la statue équestre de Pierre-Le-Grand, faisant face à la place Saint.lsaac.

M. Fabre fil sonder la Neva, et jugea exécutable le projet de l'empereur, malgré les difficultés à surmonter, le fleuve ayant, en quelques endroits, plus de treize mètres de profondeur. Il fit, à cet effet, construire un modèle en bois qui fut placé, par ordre de l'empereur, dans la salle de dessin de l'école des voies de communications, pour servir à l’instruction des élèves. Ce beau travail valut au lieutenant-colonel Fabre la croix de Sainte-Anne, 2ème classe.


La guerre de 1812 ayant éclaté entre la France et la Russie, M. Fabre et ses trois collègues furent éloignés de Saint-Pétersbourg par ordre de l'empereur, et envoyés à Saroslow, près de Moscou. Bientôt, par un déplorable malentendu, et à l’insu d'Alexandre, ils furent transportés à Irkousk, gouvernement de la Sibérie, sur les frontières de la Chine, où ils restèrent jusqu'au retour des Bourbons en France.

A sa rentrée dans ses états l'empereur de Russie apprit avec le plus vif mécontentement l’exil en Sibérie des ingénieurs français, pour lesquels il avait toujours éprouvé une véritable estime, et ordonna au ministre de la police de les rappeler à l'instant.

M. Fabre et ses compagnons d’infortune arrivèrent à Saint-Pétersbourg dans le mois de mars 1815. L'empereur les accueillit de la manière la plus flatteuse, les assura qu'il s'efforcerait de leur faire oublier les peines et les désagréments qu'ils avaient éprouvés dans leur exil, et leur fit des propositions aussi honorables qu'avantageuses, s'ils consentaient à rester à son service. Ils acceptèrent les offres généreuses du souverain de toutes les Russies, qui les éleva au grade de colonel du génie.

Dans ce nouveau poste, le premier ouvrage de M. Fabre fut le projet du port de Taganrog ; ce travail achevé, il revint à Saint-Pétersbourg. L'empereur le chargea bientôt de la construction des ponts à établir sur la chaussée de Saint-Pétersbourg à Moscou; et, peu de temps après, voulant établir dans ses étals des colonies militaires, il confia au colonel Fabre les travaux les plus importants et le nomma en même temps directeur de ces travaux. Les projets furent faits et approuvés par Sa Majesté.

M. Fabre construisit la première colonie où fut installé le régiment du comte Arokehess.

Les principaux travaux de cette colonie consistaient en plusieurs grands corps de bâtiments pour loger l'état-major, en une salle d'exercice où pouvait manœuvrer tout le régiment, composé de 3000 hommes ; à celle salle étaient réunis, d'un côté, un bâtiment consacré à l'école des jeunes soldais colonisés, et, de l'autre, un hôpital pour les soldats malades. Le milieu de la salle communiquait à une église où le régiment assistait aux offices divins sans quitter les rangs. Pour couvrir celle salle, le colonel Fabre inventa un nouveau système de charpente qui plut tellement à l'empereur, que ce souverain ordonna de l'appliquer à toutes les autres salles des colonies à établir. Il donna à M. Fabre, comme témoignage de sa vive satisfaction, la croix de Saint-Wladimir, 2ème classe, et le grade de général major.

L'empereur ne s'en tint pas à ces distinctions, et voulant reconnaître dignement les nouveaux et importants services que le général français rendit dans la suite à la Russie, il le décora du cordon de Sainte-Anne 1ère classe, et lui fit présent d'une tabatière enrichie de diamants, ornée de son chiffre impérial.

A la mort de son frère Alexandre, l'empereur Nicolas ayant continué l'établissement des colonies militaires, le général Fabre fut également chargé par ce nouveau souverain de la direction et de la construction de travaux d'une haute importance parmi lesquels nous devons citer un admirable pont en bois à une seule arche, sur la Medwed, ayant une hauteur et une longueur prodigieuses ; ce bel ouvrage lui valut la croix de Sl-Wladimir, 1ère classe, et une tabatière enrichie de diamants avec le chiffre de S. M. l'empereur Nicolas.

Sous le règne de Charles X, le général Fabre étant encore au service de l’empereur de Russie, reçut du gouvernement français le grade d'ingénieur en chef, comme comptant toujours dans le corps royal des Ponts et Chaussées, et il obtint à la même époque la croix de la Légion d’Honneur, et ensuite celle d'officier du même Ordre.

Cependant les longs services du général Fabre , ses laborieux travaux et, sans doute, le rude climat de la Russie avaient altéré sa santé; en 1833, il demanda son congé à l'empereur Nicolas, qui ne le lui accorda qu'avec peine, désirant le retenir encore à son service. Il témoigna toute sa gratitude au général Fabre d'une manière flatteuse et bienveillante, en lui donnant une pension de 8000 roubles, avec la permission de venir vivre en France, conservant l'espérance de le voir un jour rentrer à son service.

Le général Fabre vint s’établir à Tourrettes, son pays natal, où il est mort le 4 août 1844, à l'âge de soixante-deux ans.

TIBURCE HIARD, colonel en retraite.